26 août 2016

Le sens de ma vie

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Ces dernières années, j'ai beaucoup réfléchi au sens de la vie. Au sens de ma vie. 

"Beaucoup réfléchi", c'est exagéré. Disons que la question surgissait de temps à autres au gré des aléas de mon existence. Elle était là, jamais très loin, un refrain régulier dans la musique de mes pensées. Aujourd'hui, j'ai décidé de mettre ce refrain en musique, de coucher ses mots et sa mélodie sur le papier. J'ai envie de découvrir la chanson dans son ensemble, même s'il s'agit d'une chanson étrange, qui alterne le flamboyant des certitudes et la prudence des interrogations.

Il y a trois ans, la vie m'a souri d'une étrange et triste manière, et j'ai décidé qu'elle avait un sens.

Pendant longtemps, j'ai été engluée dans mes difficultés, piégée dans le désamour de mon corps et de ma personne, persuadée de ne rien valoir et d’être à la fois l’origine, la cause et la conséquence de toutes mes souffrances et de celles de mon entourage. J’avais pris de mauvaises décisions au cours des années précédentes, sans avoir tout à fait conscience qu’elles étaient mauvaises. J’étouffais la petite voix qui tentait de m’en avertir. Mais même si je l’avais écoutée… Ces décisions étaient les seules que j’étais capable d’assumer sur le moment. Les plus faciles même si je les savais indissociables d’une souffrance dont j’essayais de nier l’existence en rejetant la faute de tout sur moi-même.

Et puis un jour, j’ai touché le fond. La spirale des pleurs et du dégoût de moi-même avait atteint son paroxysme.  Alors j’ai fait ce qu’on fait quand on touche le fond. J’ai tapé du pied, bien décidée à remonter. J’ai trouvé de l’aide. J’ai appris la bienveillance, j’ai appris à aimer mon corps, à aimer ma personne, à aimer mes faiblesses, à aimer mes forces. J’ai découvert mes qualités. J’ai travaillé, travaillé, travaillé, appris à me respecter, appris à me faire respecter.

Quand j'ai compris que la vie que j'avais choisie n'était pas celle que je souhaitais, il était trop tard. Trop tard pour revenir sur mes choix, trop tard pour faire demi-tour, trop tard pour m'engager dans le nouveau chemin que je voyais s'ouvrir, si proche de moi.

Et puis, dans un triste mais heureux retournement de situation, la vie m’a libérée de mes mauvaises décisions. C'est à ce moment-là que j'ai décidé qu'elle avait un sens. Qu'elle était à l'écoute de mes évidences. 

Elle avait mis sur mon chemin un tas de difficultés dont j’avais besoin pour apprendre et pour avancer. Qui serais-je si je j’étais pas passée par ces épreuves, si je n’avais pas appris de mes difficultés ? Pas la Sophie d’aujourd’hui ! Alors j'ai dit merci, et j'ai continué à avancer, persuadée que les gros tas de sourires et de bonheur qui parsemaient dorénavant mon chemin étaient dus à la Vie, à l'Univers, et que tout ça avait beaucoup de sens.

Jusqu'à ce que ça me soit arraché. Sans que jamais je ne trouve de sens à ce retournement de situation. J'ai pensé qu'il était trop tôt, que les mois et les années passeraient, qu'un jour je comprendrais. 

La compréhension n'est jamais arrivée. Le sens de ces nouvelles souffrances ne s'est jamais révélé. Alors j'ai changé d’avis. La vie n’avait pas de sens. La vie était juste un chemin aléatoire parsemée de joies et de difficultés qui nous tombaient dessus au gré de nos actions et réactions.

Je ne pense plus que chaque événement a un sens. J’ai cessé de croire en un Univers bienveillant qui sèmerait bonheur et difficultés sur la route de chacun en fonction de ses besoins conscients ou inconscients du moment. 

Mais je n'ai jamais cessé de croire en ma manière d'agir, de réagir, d'accepter et de lâcher prise face aux bonheurs et aux difficultés. Je crois en ma façon de surfer sur les vagues de mon existence, mon optimisme, mon goût pour le bon côté des choses, mon envie de botter les fesses aux difficultés, mon envie d’évoluer, mon chemin. Je suis intimement convaincue que tous ces éléments ont une prise immense sur mon bonheur. 

Et puis, "si le monde n'a absolument aucun sens, qui nous empêche d'en inventer un ?" (Lewis Caroll).

Ma vie n'a pas d’autre sens que celui que je lui donne, moi, jeune femme à la tête encombrée par tout un tas de pensées. Ma vie n'a pas d'autre sens que celui que lui donnent les gens qui m'aiment. 

Et c'est déjà beaucoup... 

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